Proclamée en 2015 par l’Organisation des Nations Unies, la Journée internationale des femmes et des filles de science a lieu chaque année le 11 février pour promouvoir l’accès et la participation des femmes et des filles à la science.
Dans le monde entier et malgré une augmentation importante des femmes dans les études supérieures, elles restent sous-représentées en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques, dans la plupart des pays quel que soit leur niveau de développement. 10 ans après, cette journée reste d’actualité pour rappeler le rôle essentiel des femmes et filles dans les communautés scientifiques et technologiques et l’importance de renforcer leur participation.
A l’Institut de Cancérologie de Lorraine, les femmes sont nombreuses à travailler à la qualité et excellence de la prise en charge des patients à travers leurs métiers et fonctions. Rencontre avec Karine Gérard, physicienne médicale à l’ICL depuis janvier 2010.
Rencontre avec Karine Gérard
Karine Gérard exerce au sein du service de physique médicale qui compte 11 physiciens médicaux et 4 aide-physiciens qui interviennent dans le département de radiothérapie, dans le service d’imagerie médicale et au bloc opératoire de l’ICL, ainsi que dans le service de radiothérapie du centre hospitalier d’Epinal. Elle est l’une des 7 physiciennes médicales du service. Elle est responsable enseignement et recherche de l’équipe de physique médicale à l’ICL.
Son parcours
Alors étudiante en école d’ingénieur biomédical à Marseille, elle commence à s’intéresser à la physique médicale. Intérêt qui sera confirmé avec les cours de physique médicale proposés pendant son cursus. Elle opte alors pour un master 2 de physique médicale en 3e année d’école d’ingénieurs lui permettant de valider les 2 diplômes. Elle choisit de compléter sa formation par un doctorat en sciences à Nancy réalisant son travail de recherche à l’ICL, sur les possibilités d’optimiser les traitements en radiothérapie par modulation d’intensité, selon 2 axes :
- L’optimisation de l’efficience des contrôles de qualité, en y appliquant une méthode de l’industrie, la Maîtrise Statistique des Processus (MSP). Une méthode validée et enseignée dans le cursus de physicien médical depuis.
- L’automatisation du choix de la balistique des faisceaux lors de la planification dosimétrique des traitements.
Elle termine ensuite sa formation initiale en obtenant son Diplôme de Qualification en Physique Radiologique et Médicale (DQPRM), à l’issue d’un enseignement théorique et d’un stage pratique.
Ce qui la motive
Les évolutions technologiques constantes qui contribuent à l’amélioration de la prise en charge des patients, à la fois pour contrôler la maladie, réduire la toxicité des organes à risques avoisinants, tout en s’attachant à offrir le meilleur confort pour le patient, ceci au cœur d’une équipe multidisciplinaire, constituent ses moteurs quotidiens.
Rigueur scientifique et capacité de communication sont des qualités qu’elle estime essentielles dans ce métier.
Son quotidien
Karine Gérard apprécie ses journées riches et variées, toujours motivée par la volonté de faire au mieux pour le traitement des patients en radiothérapie, en travaillant sur des projets au sein d’équipes pluridisciplinaires, en intervenant en planification dosimétrique, en support sur le plateau technique ainsi que sur les contrôles de qualité des accélérateurs de particules délivrant les faisceaux de rayons X.
Elle a coordonné le comité scientifique des 61èmes Journées Scientifiques de la Société Française de Physique Médicale (SFPM) organisées à Nancy en 2023 et a fait partie du comité scientifique des 60èmes et 62èmes Journées Scientifiques de la SFPM en 2022 et 2024.
Elle enseigne en formation initiale pour les étudiants en physique médicale et pour les manipulateurs en électroradiologie médicale, ainsi qu’en formation continue pour les physiciens médicaux, en France et en Europe, pour la société européenne de radiothérapie et oncologie (ESTRO).
Elle encadre des stagiaires sur divers sujets scientifiques, à l’image du travail de Master 2 de physique médicale de Faten Ibrahim sur l’”Impact dosimétrique des modifications anatomiques et de positionnement pour les patientes traitées par RCMI pour un cancer du sein“, qui a été présenté aux Journées Scientifiques de la SFPM en 2024. Ce travail a également été retenu pour un poster électronique au congrès européen de radiothérapie et oncologie qui aura lieu à Vienne en Autriche du 3 au 6 mai 2025.
Richesse intellectuelle, action, santé tel pourrait être son leitmotiv pour se tourner vers les sciences !
J'ai avant tout recherché à appliquer les sciences et à leur donner du sens. Améliorer les traitements des patients atteints de cancers donne de la valeur à mon métier.
Le métier de physicien médical
Il y a environ 900 physiciens médicaux en France dont les missions sont règlementées par l’ordonnance n°2017-48 du 19 janvier 2017 relative à la profession de physicien médical et par le décret n° 2024-96 du 8 février 2024 qui décrit les missions et conditions d’intervention du physicien médical.
Qu’est-ce qu’un physicien médical ?
En résumé, le physicien médical peut intervenir en radiothérapie, en médecine nucléaire et en imagerie médicale. Il s’apparente au « pharmacien des rayons », un intermédiaire entre le médecin et le patient. Il est:
- Garant de la délivrance de la bonne dose au bon endroit en préservant les organes à risque à proximité. Il s’appuie pour cela sur la planification de la distribution de dose.
- Garant de la qualité des faisceaux délivrés par la machine de radiothérapie par des contrôles qualité en interne réalisés par le physicien ou l’aide physicien, complémentaires de ceux du fabricant.
- Participe à l’optimisation de la qualité d’image et à la réduction de dose pour un meilleur diagnostic.
Comment devenir physicien médical en 2025 ?
Un master de physique médicale (bac +5) est nécessaire pour se présenter au concours d’entrée permettant d’accéder à la formation du DQPRM : Diplôme de Qualification en Physique Radiologique et Médicale. Cette formation de 2 ans combine théorie et stages sur des périodes de 6 mois dans les différentes spécialités d’exercice du métier, c’est-à-dire en imagerie, en médecine nucléaire et en radiothérapie. Le DQPRM est l’équivalent de l’internat des étudiants en médecine.
Le concours admet actuellement 45 postulants par an, un nombre qui a augmenté depuis les accidents d’Epinal en 2007.
Il est possible de compléter la formation par un doctorat.
En savoir plus : https://www.sfpm.fr/devenir-physicien-medical-en-france/
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